L’été s’installe, et emporte avec lui les dernières traces du Printemps passé.
Mais avant qu’il ne s’évanouisse jusqu’à l’année suivante, la Conteuse des Saisons se remémore les précieux instants qui ont ponctué cette saison de renouveau.
Elle remercie le Printemps pour les graines qu’il a semées, et qui s’épanouiront tout au long de l’année. Pour la pluie, qu’il a déversée entre les racines des arbres, et qui nous protégeront de l’éclat vif du soleil d’été. Et pour la lumière, qu’il a fait revenir petit à petit pour nous éclairer tout au long de la matinée.
La Conteuse souhaite rendre hommage au Printemps qui s’endort, et s’en va consulter les fleurs de son jardin. “Laquelle d’entre vous, mesdames, pourrait présenter ses hommages au Printemps qui vous a fait naître ?”
Une fleur rouge très âgée et toute courbée se présenta à la Conteuse.
“Qui mieux que moi, Conteuse, saurait lui rendre hommage ? Je suis la Primevère, la première née du Printemps ! J’ai traversé la saison avec lui, et assisté à la naissance de toutes les créatures qui s’épanouissent aujourd’hui.” Dit la Primevère avec aplomb, en se drapant dans ses pétales tombants. La Conteuse hocha la tête, mais s’aperçut bien vite que la pauvre Primevère peinait à se tenir debout.
“Merci Primevère, ta détermination t’honore. D’autres fleurs souhaitent présenter leurs qualités. Écoutons-les et choisissons ensemble.”
Une petite fleur bleue s’avançait effectivement vers la Conteuse, la tête basse, et s’adressa à elle avec une voix chevrotante. “Ô Conteuse, tu m’as probablement oubliée, mais je suis le Myosotis. Personne ne pense jamais à moi, et je suis certaine que le Printemps aussi. Si c’est moi que tu choisis, le Printemps sera très certainement surpris, et tout le monde aime les surprises, n’est-ce pas ?”
La Conteuse, décontenancée, s’adressa avec prudence au Myosotis.
“Chacun a de l’importance, et je suis certaine que si tu lèves la tête, tu verras que tu n’es ni seul, ni oublié, Myosotis.”
La petite fleur souleva alors doucement ses pétales pour porter son attention sur toutes les fleurs qui l’entouraient et la regardaient avec bienveillance.
Enfin, une petite fleur s’approcha calmement de la Conteuse.
“Chère Conteuse, je suis la Pensée. Je ne suis ni la plus belle, ni la première des fleurs à naître, mais j’ai beaucoup observé le Printemps. J’étais au pied des arbres de la forêt, dans les prairies verdoyantes et dans les jardins des Hommes. J’ai vu le travail du Printemps dans toute sa splendeur, éclairer de sa lumière les oisillons, les premiers bourgeons et les sourires sur les visages. Je suis une fleur commune, mais je me pare de toutes les couleurs du Printemps afin de le remercier et de lui rendre hommage.”
La Conteuse et les fleurs du jardin regardaient la Pensée avec une jolie lueur au fond de leur regard. Elle avait su remémorer à tous la magie qu’instaurait le Printemps chaque année, inlassablement en rétablissant la vie. Et ainsi, sans un mot, tous se mirent d’accord pour faire de la Pensée la fleur qui rendra hommage au Printemps.
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